Alexandre Le Guilcher, directeur marketing et production au sein du groupe Evolucare Technologies, spécialiste de l’informatique médicale, présente ici l’évolution d’une société en marche, à l’affût des besoins de la santé d’aujourd’hui et de demain.
Plateaux techniques : Quelles gammes de produits développez-vous ?
Alexandre Le Guilcher : Evolucare Technologies équipe 1 500 établissements publics et privés des secteurs de la santé et du médico-social à travers la France, l’Afrique et le Moyen Orient. Nous disposons de trois gammes de produits. Les produits Corwin sont davantage dédiés au moyen et long séjour tandis que ceux d’Evolucare concernent les centres médicaux chirurgicaux et obstétricaux. Nous équipons ces centres avec nos logiciels métiers destinés aux soins critiques : les services d’anesthésie, le bloc opératoire, la réanimation ou encore les urgences. La troisième gamme, Evolucare Médical Imaging, s’adresse aux services d’imagerie médicale. Elle comporte le système d’in-formation radiologique (RIS), le système de stockage des images au format Dicom (PACS) et des stations d’interprétation. Cette gamme ouvre la porte aux plates-formes de télémédecine.
Avez-vous des réalisations en cours dans le domaine de la télémédecine ?
Nous avons mis en place les moyens techniques dans des cliniques en Afrique afin qu’elles puissent envoyer les images via un réseau de télémédecine à des centres d’imagerie experts, en France, qui les interprètent et retournent le compte-rendu. Par ailleurs, depuis plusieurs années, nous avons créé un réseau de télémédecine dans le domaine de l’ophtalmologie intégrant 30 centres en Ile-de-France. Ceux-ci envoient les images au service expert d’ophtalmologie de l’hôpital Lariboisière, à Paris, qui peut établir un éventuel diagnostic de rétinopathie en moins de deux minutes. L’Assurance maladie rembourse maintenant cet acte.
Qu’en est-il de la connexion des équipements biomédicaux au dossier médical ?
Nous avons développé un connecteur générique qui permet de s’adapter facilement à l’ensemble des types de matériels biomédicaux de différentes marques et de les rendre interopérables. Aujourd’hui, nous avons en bibliothèque environ 250 connecteurs validés par les différents hôpitaux utilisateurs. Ce système peut ainsi récupérer les données du patient et les transférer automatiquement dans un logiciel de soins. Cette fonction d’interconnexion enrichit la traçabilité de la prise en charge et répond aux exigences médico-légales.
Comment entrevoyez-vous l’avenir du numérique dans le monde de la santé ?
Nous allons passer des matériels connectés dans les services de soins critiques à l’Internet des objets connectés où tout devient communicant. Déjà, dans les hôpitaux, les constantes relevées au lit du patient sont de plus en plus en lien direct avec le dossier infor-matisé. Nous voulons aller plus loin et assurer la continuité et le suivi des soins au domicile en connectant des objets chez le patient. Par exemple, installer une interface qui permet de suivre l’intensité de la douleur toutes les 24 heures. L’idée consiste à faire converger en un point toutes les données médicales d’une même personne en temps réel pour constituer un « big data » médical centré sur le patient. Notre division R & D travaille sur ce projet innovant financé par la Banque publique d’investissement (BPI). Aujourd’hui, les données médicales de base, les données médicamenteuses ainsi que celles de l’imagerie et la biologie sont stockées dans le dossier informatisé du patient mais de façon hétérogène. Il s’agit d’homogénéiser ces informations et de joindre les données biomédicales pour,constituer ce «big data» qui pourra être analysé et devenir source d’alertes et de médecine prédictive. ■
Plateaux Techniques
Mai 2014
Propos recueillis et article rédigé par Martine Geslin
(Plateaux Techniques)
